De l'importance vitale des chips
"Importance", parce que je n'ai pas osé utiliser les mots "besoin " ou "indispensable", même si "survie" a effleuré mon esprit. C'est vous dire pourquoi il faut toujours avoir un paquet de chips chez soi.
Sans lui j'aurai convié ce soir là l'ami présent et les ados à un suicide collectif au kébab du bas de la rue. Un paquet de chips, c'est quand même plus économique.
Tout se déroulait pourtant pour le mieux, au début. Je chantonnais même en cuisinant. Quelques tranches moelleuses de saumon fumé, de la Brousse fraîche à souhait, quelques herbes. Et des pâtes. Enfantin, non ?
Sauf que.... je n'avais plus le bon format de pâtes. De celles qui se tiennent sans faire d'histoire, qui n'ouvrent pas un grand bec et empêchent de les mouler.
Sauf que... je n'avais pas encore découvert que la Brousse, ça ne fond pas à la chaleur. Ça coagule.
Quand le vent de panique a soufflé dans ma cuisine j'ai couru, saisi un énorme paquet de chips, jeté des saucisses de Strasbourg goût à rien, mais goût certain, dans de l'eau bouillante. Cela m'a sauvé la vie. Ils auraient au moins de quoi manger. Et moi qui ferai la tête, en prime. Mais bon, la cuisine, c'est parfois l'aventure. Vous me direz, pour des pâtes au saumon...et bien si ! L'aventure vous dis-je. La tête boudeuse et la colère sous-jacente... Et si je publie la recette de ce ratage c'est pour mettre en garde les autres aventuriers broussailleux...
J'ai siffloté en préparant une mousse de Brousse au saumon fumé. La texture était superbe, l'ado qui l'a goutée [ qu'on se le dise, je n'aime pas le poisson ], fraîche, sur un bout de pain, l'a trouvée parfaite. Clic, photo, cela vaut bien des tarama industriels. Et ils aimeraient bien que j'en propose désormais à l'apéritif. Message reçu. Ne pas cuire, ne pas cuire....
Et je chantonnais toujours gaiement.
Quand l'eau du fait-tout a bouilli, j'ai avalé ma ritournelle en suffocant Mais où étaient donc les mille et une pâtes qui auraient dû se trouver dans le placard ? Bérézina. Un paquet de macaroni. De gros macaroni. Enfer. Cuisinière je suis, j'ai persisté. Cuit, égoutté, parsemé d'herbes [100% remboursé c'est toujours meilleur], tapissé des bols de brousse saumonée, parsemé de baie roses pour plus d'effet, tassé les macaroni énormes, en espérant qu'ils comprendraient mon message et mis les bols au four, recouverts du reste de Brousse saumonée. Imaginant que la crême allait enrober chaque pâte, les parfumant, les liant...
Et bien non. Échec et mat. Coagulation. Omelette de Brousse saumonée. Démoulage comme un pâté de sable raté.
Des chips.... Chercher des chips ...
En fin de compte ils ont tout mangé. Il paraît même que c'était bon. Même si... avec une autre variété de pâtes...
Et personne n'a mangé de chips.
Même moi. Parce que je n'avais plus faim.
Et j'assume, je publie quand même la photo.
Avec omelette de Brousse saumonée [ à gauche ] recoupée au couteau [ à droite ]...