La création de mon mini potager
Je ne sais pas vraiment quand j'ai pris la décision de transformer une partie de mon jardin d'ornement pour lui donner la mission de nourrir un peu plus que mon esprit. Je crois que je me sentais un peu inutile dans ma vie, tout simplement. Créer un potager, pour moi, ce fut décider de vivre des rapports bien différents de ceux d'humain à humain. Ne plus entendre de simples paroles, mais saisir la terre à pleines mains, la humer, l'aimer aussi. J'aime ses vers de terre, j'aime son odeur, j'aime remuer mon compost. Et j'aime m'agenouiller au sol pour regarder les semis affleurer de la terre brune.
Il m'a fallu tenir compte de sa configuration en L, arracher les arbustes, en replanter certains, scier les racines trop profondes, trier les cailloux, pelleter, fourcher...
Mes ados m'ont vue errer en combinaison vert pomme, les cheveux collés de transpiration, les ongles définitivement rayés et noircis. J'avançais. Mes vacances étaient studieuses ! J'ai parfois eu les larmes aux yeux en retrouvant un petit soldat égaré, j'ai maudit les ouvriers d'avant, qui avaient enfoui leurs gravats dans la terre... Quelques ampoules et courbatures plus tard, un manche de bêche neuf, mon futur jardin potager était prêt. Sur une profondeur de 30 cm la terre était ameublie, débarrassée de ses cailloux, enrichie de compost.
A peine terminé, j'ai semé mes premiers radis, transplanté mes salades, qui attendaient parmi les aromates d'avoir un peu plus d'espace ! Et quand la grêle a ravagé mes jeunes plants j'ai ressenti en moi ce que des générations de paysans ont du vivre. J'ai eu mal. 6m2 ce n'est rien, mais ce n'était pas une question de surface, mais d'accompagnement dans les déchirures portées par des feuilles pleines de vie.
Et aujourd'hui ? Et bien je vais prendre mon café au petit matin devant les rangées de semis, je pulvérise d'eau les petits pots où les graines percent...
Je souris devant les minuscules feuilles des carottes qui ressemblent déjà à de la dentelle...
Je regarde le ciel.
J'apprends la patience.