L'éducation que j'ai donnée à mes 4 enfants a connu divers chemins ; l'amour [ pour aimer vivre en compagnie des autres], la lecture [ pour avoir le goût de continuer à apprendre ], l'art et les sports [ des arts plastiques à ceux physiques ]. Pour le reste, charge a été donnée à l'éducation nationale... je ne fournissais quant à moi que les moyens de trouver les réponses à leurs questions.
Quand mes enfants ont franchi le cap de leurs 18 ans, il ne me restait plus que leur éducation gastronomique à faire. J'ai choisi le restaurant l'Amphitryon, dont le chef Yannick Delpech, Gault-Millau d'or, a maintenant 2 étoiles au Michelin. Et, chacun à leur tour, sont allés s'asseoir et émerveiller leurs yeux et leur palais d'un menu dégustation. C'était donc mon quatrième repas dans ce restaurant... Ma benjamine attendait ce moment avec la même impatience que le droit de porter des talons hauts ; c'est chose faite !
Malgré mon désir de faire de belles photos pour immortaliser ces instants, la lumière n'a pas été suffisante... Tant pis, regardez et imaginez, le plaisir a été au rendez-vous. Mon menu dégustation différait un peu de celui de ma fille, ayant demandé à ce que les produits de la mer n'y figurent pas.
Mises en bouche sur le thème du pois chiche : soupe tiède de pois chiche -à la paille - crème de pois chiche et citron confit [à savourer de façon régressive comme ces glaces pousse-pousse de l'enfance ] accompagnés d'un petit panisse aux pieds de veau.
La seconde mise en bouche, sans photo, m'a enchantée ; tiramisu de foie gras, sur pulpe de potiron et crumble d'arachides, écume de parmesan.
Avec un Pouilly fumé Vieilles Vignes 2007 Delorme.
Retour d'une promenade en sous-bois... pour moi.
Trois croustilles de pain, une accompagnée de mousse de foie gras, l'autre tapissée de magret de canard mariné, la troisième étant fourrée d'un peu de fromage fondant. Petite soupe de châtaigne au verre, chaude, et, dans une coquille d'œuf, des cèpes poêlés surmontés d'un sabayon. Une assiette très parfumée.
Pour elle :
Sardine fraîche, crème onctueuse de morue et œufs de hareng. Un ensemble puissamment iodé qu'elle a tout simplement adoré.
Accompagné d'un Riesling très sec, un Côte de Rouffach 2007.
Foie gras de canard, oignon doux des Cévennes. Le petit oignon ne comportait qu'une feuille confite qui enveloppait une farce fine. L'assiette de ma fille était surmontée d'une écume d'huître. Un excellent foie gras bien mis en valeur par un parfum de câpres et pignons de pin.
Pour moi ; bœuf mariné façon Tataki et nem croustillant, sabayon au vinaigre d'échalote.
J'ai craqué pour ce nem très croustillant qui était enveloppé de très fines lamelles de bœuf cru mariné. Une réussite que le flou de la photo désavantage !
Pour elle ; cabillaud en deux cuissons, poutargue et parfum de Dulce. Pas de photo... mais ma fille a découvert avec bonheur des saveurs parfaitement inconnues de son palais !
Fraîcheur de roquette et pousses tendres. Je connaissais ce sorbet de salade pour y avoir déjà goûté. J'avais tellement aimé ce "trou normand" en salade que j'avais tenté [ sans vraiment le réussir ] de le refaire à la maison... La gastronomie, cela ne s'improvise pas !
LE plat absolument sublime ; défait de pigeonneau du Mont Royal rôti et fumé, crème de Ratte et truffe noire. Une merveille, avec une cuisson rosée à cœur, une sauce laquée diabolique, la douceur de la Ratte et le parfum de la truffe.
Accompagné d'un verre de vin du Languedoc-Roussillon, 2007 Faugères, Cottebrune Transhumance.
Fromage ; poire Doyenne pochée au vin d'épices, Bleu d'Auvergne et nougatine.
Une assiette très classique, qui m'a un peu surprise par sa grande simplicité. Mais l'ensemble était bien équilibré.
Premier dessert ; sabayon de crème de marron en transparence de pomme verte, sorbet Granny Smith.
Un ensemble parfait. Le marron, toujours très sucré était mis en valeur par la douceur acidulée de la pomme verte.
Second dessert ; En cas de chocolat noir sur riz soufflé caramélisé, coussinets de mangue fraîche et passion, sorbet au cacao. Cet ensemble visuellement très réussi, qui alterne l'amer, le craquant, le glacé, le moelleux, était parfait !
Mignardises ; crème brûlée à la lavande, macarons au cachou Lajaunie [à réserver aux amateurs de réglisse, dont je suis ! ], tuile fine accompagnée de son tube de crème au chocolat régressive pour y dessiner un entrelacs de douceur.
Le menu dégustation est à 115€. L'accord des mets et des vins à 45€.
Le prix d'une éducation culinaire qui laisse des éclats de bonheur au coin des papilles !
L'important pour mes enfants est d'avoir appris que l'on peut se nourrir avec bonheur pour trois francs six sous, et un jour s'offrir ce magnifique cadeau qu'est un repas gastronomique.